« Je suis fier d’être allé sur une île qui venait de sortir de la mer » : ce Français a campé sur un volcan islandais
En 1963, une nouvelle île est née au giant de l’Islande, à la faveur d’une éruption volcanique.
À l’époque, un Français est parti découvrir ce nouveau bout de terre, fasciné par ce phénomène rarissime.
Soixante ans plus tard, Gérard Vautey raconte son périple à TF1.
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LE WE 20H
Le Robinson Crusoé du volcan. En novembre 1963, au sud de l’Islande, un phénomène rarissime se produit en pleine mer : une île se forme puis émerge des eaux lors d’une éruption volcanique . Précédée par un immense nuage de poussière et de cendres, l’île de Surtsey vient d’apparaître, à l’extrémité sud de l’archipel des Vestmann. Encore ravagé par des éruptions intempestives pendant quatre longues années, le rocher n’est d’abord qu’un caillou gris et stérile. Qu’importe, un Français, Gérard Vautey, se lance le pari fou d’y camper durant plusieurs nuits. « Je voulais être le premier à dormir dessus seul. Et j’ai peut-être été le premier sur terre à vivre comme ça sur un volcan en éruption. C’était une expérience extraordinaire. Être comme ça sur une terre qui n’avait que dix mois, qui était sortie de l’eau, qui était complètement vierge », témoigne-t-il dans le reportage de TF1 ci-dessus.
À l’époque, le jeune homme travaille dans une usine de poisson à Emmae, l’île principale de l’archipel des Vestmann . Il assiste donc, aux premières loges, à ce spectacle exceptionnel, au sens premier du terme. « Il fallait voir la vue qu’on avait des îles Vestmann… On avait la vue toute la nuit de cette espèce de colonne rouge immense qui montait du volcan. Et ça, ça donnait envie d’y aller », affirme-t-il. « C’était très impressionnant à voir. C’est la première et la seule éruption qui a commencé au fond de l’océan et qui a trouvé son chemin à travers l’eau », confirme Pall Einarsson, géologue et professeur émérite de géophysique à l’université d’Islande.
C’était magnifique : le lac de lave, la lave qui coulait vers la mer.
C’était magnifique : le lac de lave, la lave qui coulait vers la mer.
Gérard Vautey
L’amoureux des volcans profite donc des excursions organisées par des bateaux de pêche pour poser le pied sur cette nouvelle terre. Il y débarque en septembre 1964. « J’étais de plus en plus excité [au fur et à mesure que l’on approchait]. Puis, quand on est descendu sur la plage et surtout quand on est monté au volcan. C’était magnifique : le lac de lave, la lave qui coulait vers la mer », se souvient l’aventurier, aujourd’hui âgé de 81 ans. « Et quand le patron pêcheur a dit ‘bon allez maintenant, il faut qu’on rentre’, moi, je lui ai dit ‘je reste’. Et il m’a répondu ‘that’s your business’« , sourit-il. Cela tombe bien, l’intéressé a tout prévu : tente, sac de couchage, nourriture pour plusieurs jours… « J’étais dans une petite crique, c’est le seul endroit où je pouvais planter ma tente, indique-t-il, « à trente mètres » seulement de la mer. Il rembarque au bout du sixième jour, à bord d’un navire envoyé par les autorités, inquiètes de son sort.
Une île sanctuarisée et au patrimoine mondial de l’Unesco
Quelques mois plus tard seulement, en 1965, les autorités donnent à Surtsey le statut de réserve intégrale, interdisant de facto les visites des curieux. Désormais, seuls les scientifiques, qui viennent une fois par an et quatre jours uniquement, ont accès à cette contrée où la végétation a progressivement remplacé la cendre et la poussière. « L’an dernier, on dénombrait 58 espèces de plantes dans ce secteur. Aujourd’hui, on en a trouvé un peu plus. Ça fait plaisir. Cela veut dire que l’île peut encore s’enrichir de nouvelles formes de vie », se félicite Olga Kolbrun Vilmundardottir, géographe à l’institut d’histoire naturel islandais. « D’ordinaire, la présence humaine perturbe le milieu. Ici, ce qui est extraordinaire, c’est qu’il n’y a que la nature. C’est fascinant », abonde Bjarni Sugurdsson, professeur en écosystèmes à l’université d’Islande.
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L’île est aujourd’hui classée au patrimoine mondial de l’Unesco. Et Gérard Vautey demeure l’un des seuls non initiés à avoir eu accès à sa beauté primitive. « Quand je raconte ça, je suis fier. Fier d’être allé sur une île qui venait de sortir de la mer », souligne l’octogénaire, avec une étincelle dans le regard. Peu de personnes peuvent en dire autant.