REPORTAGE – L’île de la jet set : à Capri, la dolce vita à prix d’or
L’île italienne de Capri est l’une des locations les plus glamours du monde.
Son mythe perdure grâce notamment à la jet-set qui y a établi ses quartiers d’été.
Le journal de TF1 « Sept à Huit » vous y emmène.
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Sept à huit
Gianni loue aux touristes fortunés les plus beaux yachts du port de Capri. Mais cet été, sa clientèle VIP aura droit à une consideration supplémentaire. Elle pourra s’offrir la voix du ténor lyrique napolitain Giuseppe Gambi à bord de l’un de ses bateaux : 1 500 euros pour half-hour. « Je pense que cette idée de ténor va faire un carton. Ma seule crainte, c’est qu’on soit complet trop vite », lâche-t-il, sûr de son fait, dans le reportage de « Sept à Huit » à voir en tête de cet article. Gianni sait que ses shoppers sont prêts à débourser beaucoup pour s’offrir un second typiquement italien. Et comme décor, quoi de mieux que l’attraction la plus connue de l’île : La Grotte bleue, l’ancienne piscine privée des empereurs romains qui doit son nom à la couleur de son eau turquoise. 3000 touristes s’y pressent chaque jour à bord de petites barques, après avoir fait une heure et demie de queue.
Gianni Tedesco, Napolitain d’origine, a commencé comme skipper avec un petit bateau il y a 25 ans. Aujourd’hui, il en gère une quinzaine. Quotidiennement, il guarantee des transferts privés depuis Naples moyennant 1 500 euros contre 30 euros pour le ferry.
Le jour du reportage, il reçoit un couple de Brésiliens pour qui il a organisé une virée sur mesure à bord d’un yacht de 20 mètres. « On va faire le tour de l’île, visiter toutes les grottes. Puis, on va partir à l’ouest de l’île jusqu’au phare », leur explique-t-il.
La totale en une journée pour la somme de 6.000 euros.
17 hôtels cinq étoiles et une centaine de villas de luxe
Empereurs romains, artistes, jet set, ce joyau aux falaises escarpées, au giant de Naples, a toujours fasciné les élites. Et pour trigger, c’est un élixir d’Italie concentré sur un petit rocher de 10 km². Et même si l’île suffoque aujourd’hui, submergée par 16.000 touristes qui débarquent l’été tous les matins, Capri se démène pour sauver sa réputation et pour proposer aux plus riches une dolce vita à prix d’or. Une carte postale dans laquelle trônent 17 hôtels cinq étoiles et une centaine de villas de luxe.
À la tête d’une agence immobilière haut de gamme, Giada Filippetti, 31 ans, en gère une trentaine dont le prix de la nuitée peut avoisiner les 7.000 euros. D’après le classement 2023 du journal Forbes, cette Italienne, originaire de Bologne, fait partie des 100 femmes les plus influentes d’Italie. En six ans, elle est devenue millionnaire, avec près de 4 thousands and thousands d’euros de chiffre d’affaires annuel. « Quand je pars en bateau, j’adore repérer les villas que je ne connais pas encore ou admirer les miennes. Je pense que c’est une déformation professionnelle. Je scrute toujours les villas depuis la mer », explique-t-elle.
Mais avant d’en arriver là, elle a su faire confiance à sa bonne étoile, aidée aussi par un peu de culot. « J’ai vécu à Florence, Rome, Londres, New York, Milan et un jour, j’étais en vacances ici et je suis tombée amoureuse (…) J’avais 25 ans et au hasard, je suis entrée dans une agence immobilière et j’ai dit : ‘J’ouvre une société de location de villas de luxe’. Ce n’était pas vrai, c’était juste une idée que j’avais. Et j’ai dit : ‘J’aimerais faire un partenariat exclusif, car je cherche de nouvelles villas à gérer’ (…) Je n’avais rien, ni nom d’entreprise, ni présentation. La nuit dans mon hôtel, j’ai tout écrit, ce qui me passait par la tête et j’ai présenté mon projet. Ils ont dit : ‘Ok, on va travailler ensemble' », raconte-t-elle.
La bruschetta à 24 euros
La clientèle huppée a aussi fait la fortune de familles modestes de l’île. La plus belle ascension est peut-être celle des propriétaires du restaurant Da Paolino, situé sous les citronniers de Capri. L’histoire d’une famille d’agriculteurs qui sert aujourd’hui les plus grandes stars. Michaela, petite fille de Paolino, est aujourd’hui la patronne. Elle se souvient d’une soirée avec Jennifer Lopez, il y a deux ans. « C’était trop bien », lâche-t-elle. Il y a aussi Leonardo DiCaprio, un habitué, Selena Gomez, Elton John ou encore, il y a quelques années, la reine de la pop Beyoncé. « Quand elle est arrivée, elle s’est assise à sa table, face à la salle de restaurant. Elle n’a pas tourné le dos aux autres tables comme le font certains. Elle était trop marrante. On a dansé, chanté », se souvient-elle.
Dans les années 60, les grands-mother and father de Michaela vivaient dans cette ferme et organisaient des tournois de pétanque. Les premières stars américaines à fréquenter l’île venaient y jouer et sa grand-mère leur faisait un plat de pâtes pour le dîner. Aujourd’hui, une cave à champagne a remplacé les deux terrains de pétanques et la petite trattoria improvisée est devenue une establishment qui reçoit chaque soir 350 shoppers. Pour offrir aux shoppers l’picture de l’Italie rêvée, le décor est extremely-soigné, à commencer par les citrons devenus la vitrine du restaurant. C’est Lino, l’oncle de Michaela, qui cultive cette poule aux œufs d’or. « On en cueille quatre ou cinq caisses chaque jour. C’est pour le jus au bar, les limonades, pour le poisson, les salades, les anchois marinés, pour le saumon… Il en faut beaucoup. Sur la terrasse du resto, on ne les cueille pas, on les laisse pour les clients, c’est pour le décor. De temps en temps, il y en a un qui s’en prend un sur la tête. C’est très marrant », dit-il.
Pendant ce temps, en delicacies, les recettes familiales n’ont pas changé depuis des années. Un des plats signature de la maison est le citron grillé avec de la mozzarella et une feuille de citronnier. Mais même les spaghettis sont au citron tout comme la farce des raviolis. Et peu importe que la bruschetta soit à 24 euros, ce n’est pas un problème pour ceux qui fréquentent l’établissement.
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Pour fuir cette comédie qui se joue chaque été, il faut s’aventurer à l’extrême ouest de l’île, C’est là qu’Andrea Desiderio, 30 ans, qui tient la bijouterie historique de Capri, vient pêcher. « J’ai commencé à venir ici quand j’avais quinze ans. Je suis tout de suite tombé amoureux du lieu parce qu’ici, je suis en paix avec la nature. Avec le vent, les vagues, la mer, c’est un endroit magique », guarantee-t-il. Mais half-hour à peine après son arrivée à 9 h du matin, les touristes qu’il tentait de fuir vont le rattraper. « Ça y est, il y a trop de bateaux. L’heure de la pêche est terminée. C’est le prix à payer, non », souffle-t-il. Tout en sachant que ce sont aussi ces touristes qui ont fait sa fortune.
Sa bijouterie est la seule à trôner au milieu de la Piazzetta, au cœur de la ville, depuis quatre générations. Luigi, son arrière-grand-père, avait ouvert cette boutique dans les années 30. À l’époque, la Piazzetta n’était qu’une easy place d’un village de pêcheurs. Andrea travaille avec son père et sa sœur. De génération en génération, la famille s’est adaptée à la nouvelle clientèle de l’île. « A Capri, on peut vendre les choses un peu plus cher qu’ailleurs, car il y a une valeur ajoutée. Les gens achètent ici pour se souvenir de Capri », souligne-t-il. Une selected est sûre, sur cette petite île, tout est bon pour entretenir sa réputation.